Hommage à toi François !


Lundi 21 avril,Pâques 2025

Cher François

Nous sommes certainement des millions à te pleurer en ce jour, et chacun-e dans un
lien tout personnel avec toi.

En ce jour de mars 2013, une colombe blanche était venue se poser sur la cheminée d’où devait sortir la fumée annonçant ta nomination. « Si seulement il pouvait s’appeler François ! » m'étais-je dit. Sidération et… immense espérance !

Aujourd’hui, c’est aussi la sidération, mais dans l’autre sens, celle de ton départ en ce
lundi de Pâques. Il était pronostiqué, mais non attendu, car, comme pour les parents
sous le regard de leurs enfants, cela ne pouvait – devait jamais arriver. Pourtant, tu es parti… Quoique ! Ta présence semble plus universelle encore en cet instant. Ce qui demeure est inestimable… Il nous faudra le temps de l’histoire pour en déployer toute la mesure. Le temps du cœur, lui, saisit immédiatement l’ampleur de la perte en même temps que l’ampleur de l’héritage. Nous te devons TANT !

Tout d’abord, évoquer ce lien, pour ainsi dire « quantique », avec Saint-François d’Assise, par delà les siècles ; cette communion, cette fraternité, comme si parfois, vous parliez tous deux d’une même voix, dans un même élan d’amour, pour les pauvres, pour tous les délaissés, pour toutes les créatures de cette planète… A partir du moment où tu as pris son nom, son esprit semble t’avoir revêtu tout entier, et tu es monté au front ; avec la fougue du Franciscain qui n’a peur de rien et dit et fait des choses que personne n’ose faire, avec la prudence du Jésuite qui dit pour pouvoir être
entendu sans trop fâcher, avec ton expérience et ton cœur d’Homme qui reconnait la souffrance et cherche la justice. Comme François, tu étais attentif à chaque être et chaque événement que le Seigneur te présentait ; en ton cœur, il ne semblait pas y avoir de dissociation entre la souffrance des pauvres et celle Sœur notre mère la Terre.

Merci pour cette réconciliation entre l’écologie sociale et environnementale, entre toutes les sphères d’une écologie qui a pu se reconnaitre spirituelle ! Tu as contribué à réparer la blessure entre la Terre et le Ciel, en nous montrant que prendre soin de la Création, c’était honorer et prendre soin du Créateur. Tu nous as donné une légitimité à nous, engagé-e-s pour la sauvegarde du bien commun en nous encourageant, nous remerciant, nous faisant une place de choix. Tu as redonné ses lettres de noblesse à l’écologie, qui était jusque là souvent incomprise dans sa dimension théologique.

Nous ne mesurons certainement pas l’ampleur de la perte que vit l’humanité en ce
jour ; l’humanité car, même si certains ne te connaissent pas, le tsunami que représente ton départ les atteindra certainement d’une façon ou d’une autre. Un Saint ne meurt pas sans un tremblement de la terre. Espace laissé vide ? La puissance de ton passage et de ton message le comble en l’instant. Ta vie dédiée et offerte est le rempart contre l’obscurantisme, la méchanceté, la guerre, lerejet, l’injustice… Puisse ce rempart tenir bon dans ce monde chancelant !
Puisse la puissance de ton action irradier dans les cœurs de chacun, chacune par delà le temps et les circonstances ! Puisse ton courage à dénoncer, protéger, clarifier… nous inspirer ! Puisse ta présence au Ciel faire pleuvoir largement ton esprit sur nous tous et toutes ! Puisses-tu trouver aux côtés de notre Seigneur des forces décuplées pour soutenir les combats des terriens pour l’amour, la paix, la justice ! En compagnie des Saints, que tu sauras certainement mobiliser, puisses-tu nous communiquer la force nécessaire pour transformer les poids de nosvies en action de grâce !

Dieu t’a rappelé à lui et ton âme a accepté de partir en ce lundi de Pâques, après avoir donné ta bénédiction URBI ET ORBI et avoir « tout accompli ». Cela sera pour nous certainement un signe très fort. Il est trop tôt aujourd’hui pour disserter, mais les esprits seront marqués indubitablement. Cela l’est déjà ; un appel à la résurrection, à la transfiguration de la matière, à l’espérance… Ce qui se joue aujourd’hui pour toi en ce jour très saint, nous sommes à notre modeste mesure, conscient-e-s depouvoir y participer un jour.

Je ne sais comment dans deux siècles ton nom sera commémoré par les générations futures ; « un grand petit homme qui a marqué d’une pierre blanche l’histoire de la relation des humains avec leur Terre, celui qui a posé les bases de la réconciliation permettant à l’humanité, peu à peu, de sortir du gouffre, de vivre une conversion intégrale et de "Choisir la Vie !" ». Laudato Si’ sera peut-être, comme certaines paroles de Saint-François parvenues jusqu’à nous grâce à l’encyclique, étudié dans les écoles comme le texte fondateur de la révolution des cœurs et des consciences…

Nous, écolos chrétiens, pas qu’écolos et pas que chrétiens, nous perdons un protecteur, un ami, un inspirateur... Avec ton départ et « le mal à notre Terre » que les défigurations actuelles et la peur de l’avenir engendrent, nous sentons l’impérieuse nécessité de te dire MERCI et de reprendre le flambeau : dans tes pas, devenir –toutes briques confondues- le rempart à la folie du monde et relever ensemble l’incommensurable défi. Il nous aura fallu 10 années pour pouvoir dire « Sœur notre mère la Terre » sans rougir et vivre pleinement l’écologie intégrale. Puisse cette œuvre salutaire perdurer pour nous permettre de retrouver notre juste place et notre responsabilité au sein de la grande toile du Vivant en fraternité sacrée avec toutes les créatures !

A nous d’être les dignes héritiers de ton esprit, comme tu l’as été de celui de Saint-François, et de le transmettre à notre tour !

Avec toute la gratitude de tes frères et sœurs de planète !

Christine Kristof, ton amie en Christ